un nouvel outil d’investissement pour tous est né : le capital investissement

Le private equity surperforme de 5 à 7%

 Auteur Emmanuel Garessus

Altaroc entend donner accès à cette classe d’actifs à partir de 100’000 euros en y sélectionnant les meilleurs fonds. Entretien avec Frédéric Stolar, Managing Partner.

Altaroc promet une démocratisation non seulement du private equity, mais des meilleurs fonds de cette industrie. Amboise Partners, la société de gestion sponsor du projet Altaroc, a été créé en 1972 et a été à l’origine de nombreuses innovations dans l’univers du private equity, notamment avec le lancement en 1995 de l’un des premiers fonds evergreen de private equity coté en bourse sous le nom Altamir. La marque commerciale Altaroc a été lancée en 2021 et compte aujourd’hui 45 employés. Frédéric Stolar, Managing Partner d’Altaroc, répond aux questions d’Allnews:

Quelle est la place d’Altaroc dans le private equity?

Le private equity mondial est presque exclusivement financé par des institutionnels, soit des caisses de retraite, des assureurs vie, des banques (pour leurs fonds propres) et des familles très fortunées (Family offices). L’investisseur traditionnel d’un fonds de private equity est un institutionnel qui place entre 20 millions d’euros à 1 milliard d’euros par fonds. C’était le cas à 99% jusqu’à très récemment. Il en est ainsi depuis 60 ans aux Etats-Unis, 40 ans en Europe et 15 ans en Asie.

«Nous avons un énorme effort d’évangélisation à accomplir.»

La révolution technologique et commerciale que nous voulons apporter consiste à permettre à tout épargnant privé, avec 100’000 euros, de disposer d’un portefeuille de qualité équivalente à celui des plus grands institutionnels investis dans le private equity. L’investisseur privé n’aura dès lors nul besoin de financer une équipe dédiée ni d’investir chaque année plusieurs centaines de millions. Notre ambition comporte une dimension sociale voire sociétale. Nous voulons rendre accessible le meilleur du private equity mondial pour 100’000 euros, répartis sur cinq ans, soit 20’000 euros par an.

Comment démocratiser les profits et non pas les pertes, sachant que de nombreux institutionnels sont tentés par cette classe d’actifs sans parvenir à dégager des rendements élevés? Est-il préférable d’acheter un ETF sur l’indice du private equity?

Le concept d’un ETF sur le private equity mondial est très intéressant mais il n’existait pas jusqu’à récemment. Et ce n’est pas notre ambition que d’en faire un.

La réalité historique des retours est la suivante: le private equity, en moyenne, surperforme les marchés cotés de 5 à 7% par an. Le rendement annuel des marchés cotés atteint 5,5% sur 20 ans, le private equity mondial moyen 12,5% et le premier quartile du private equity mondial, donc la ligue des champions de la classe d’actifs, 20,5%.

Si vous aviez investi dans un ETF du private equity sur 20 ans, vous auriez gagné 12,5% par an, c’est-à-dire 10,5 fois la mise de départ!

C’est spectaculaire, mais le premier quartile gagne 20% par an, le bas du 2e quartile 12%, le bas du 3e quartile 5% et le bas du 4e quartile entre -3 et -5%. A l’inverse des marchés cotés, l’écart de rendement entre les gérants est considérable. Le marché peut être perçu comme dangereux puisque l’investisseur en private equity bloque ses fonds durant plusieurs années. S’il s’est trompé dans le choix de l’allocation, il est durablement bloqué avec ses mauvais choix. D’où l’importance d’y investir à côté d’experts aguerris.

Notre ambition chez Altaroc est de construire chaque année un portefeuille cohérent autour de 6 gérants du premier quartile mondial. Cela devrait générer de la surperformance par rapport à un ETF du marché.

N’est-ce pas trop prétentieux de viser davantage que les 12,5% de rendement moyen?

Notre ambition consiste à offrir la ligue des champions du private equity à nos clients. Nous avons démontré depuis 3 ans que nous réussissions chaque année à investir chez six gérants du premier quartile mondial dont le track-record historique est très au-dessus de ces niveaux.

Pourquoi votre équipe y parviendra-t-elle?

Nos quatre membres du comité de sélection disposent tous d’une très grande expérience. Mon associé Maurice Tchénio a co-fondé Apax, l’un des leaders mondiaux, en 1972, et l’a co-présidé pendant 40 ans. J’ai débuté chez lui il y a 33 ans et créé et dirigé durant 20 ans l’un des fonds français mid-market les plus actifs de private equity. Notre track-record historique est solide en tant que patrons de fonds et nous connaissons donc les meilleurs gérants mondiaux pour avoir été leurs concurrents pendant des décennies.

Nous nous sommes associés les services de deux spécialistes, Dimitri Bernard, qui était responsable de la sélection des fonds européens chez Indosuez et qui a passé préalablement quatre ans chez Ardian, et Louis Flamand, qui était responsable du portefeuille de private equity de MetLife, l’un des plus gros institutionnels du monde.

«Le premier quartile gagne 20% par an, le bas du 2e quartile 12%, le bas du 3e quartile 5% et le bas du 4e quartile entre -3 et -5%.»

Notre équipe est par ailleurs très engagée aux côtés de nos clients: Maurice et moi avons décidé d’investir à nous deux 33 millions d’euros par an dans tous nos millésimes..

Nous avons l’ambition de créer un portefeuille qui va surperformer «l’ETF moyen» de l’industrie du private equity.

En dépit de votre expérience, Altaroc est jeune. Quel a été le regard du marché?

A nos débuts, il y a 3 ans, nous faisions parfois face au reproche du manque de track-record de notre nouvelle marque Altaroc. Nous rétorquions que nous faisions ce métier depuis 80 ans à nous deux et que nous investirions à titre personnel 100 millions d’euros en 3 ans dans nos produits.

Les portefeuilles que nous construisons chaque année s’appuient par ailleurs sur des gérants qui ont chacun au moins 30 ans d’expérience et qui ont chacun délivré au moins 15% de rendement net par an depuis 20 ans. Nous avons essayé de maximiser la confiance dans notre écosystème.

Lors de nos premiers pas avec Altaroc, les distributeurs (banques privées, multi family offices, tiers gérants) m’ont d’abord déclaré que leurs clients n’avaient pas d’appétit pour le private equity. Je leur ai répondu qu’ils en avaient mais que rien ne leur était encore offert de qualité institutionnelle. Pas un problème de demande donc, mais un problème d’offre disponible.

J’ai collecté 200 millions la première année en huit semaines (oct – déc 2021). La deuxième année 465 millions. Et à date nous avons déjà 850 millions d’euros sous gestion. Nous avons ainsi démontré que le marché existait et nous avons déjà recruté 45 personnes pour l’adresser.

Quelle est la prochaine étape?

Le concept est nouveau. Nous avons un énorme effort d’évangélisation à accomplir. Le cœur de notre stratégie consiste à expliquer qui nous sommes, notre antériorité, notre crédibilité.

Comment se traduit ce possible scepticisme?

Lors de réunions, mes interlocuteurs me disent qu’ils ne croient pas à mes statistiques de rendement. Il faut sans cesse expliquer et démontrer que dans le meilleur du private equity mondial, certains acteurs ont effectivement réalisé cette performance. Face à ce scepticisme, j’ai proposé d’amener les rapports d’audits de ces fonds sur 30 ans.

Notre principal enjeu est celui de la confiance et de l’évangélisation. C’est normal car la classe d’actif est nouvelle pour les clients privés (même si les institutionnels la pratiquent depuis des décennies). La plupart des banques privées ne se penchaient pas sur le private equity institutionnel jusqu’à récemment parce qu’elles sont très conservatrices et qu’elles n’avaient encore que peu d’expertise PE chez elles.

La performance est pourtant impressionnante sur des décennies et la volatilité est moindre que celle des marchés cotés. Elles vont devoir s’y atteler car les clients vont le leur demander.

Comme la valeur des fonds de private equity n’est modifiée qu’une fois par trimestre, n’est-ce pas logique?

Les plus grands fonds offrent des valorisations (NAV) trimestrielles basées sur des business plans à dix ans revisités trimestriellement. Les multiples sont les mêmes que les marchés cotés. Le private equity est moins volatile parce que les sociétés dans lesquels les fonds investissent sont en surperformance.

Le principal élément de confort sur les valorisations apparaît au moment de la vente des sociétés. Sont-elles valorisées au-dessus ou en-dessous du coût inscrit dans les comptes des fonds? Les gérants appellent cet écart l’«uplift», lequel est en moyenne de 35% chez les meilleurs gérants. Les valorisations sont donc très prudentes.

Notre ambition n’est pas de dire que le private equity est une meilleure classe d’actifs que les actions, mais plutôt que pour la partie «longue» du portefeuille qui n’a pas besoin d’une liquidité permanente, les clients doivent pouvoir accepter l’illiquidité en contre-partie d’une vraie surperformance historique.

Quel est le montant moyen qui est investi dans Altaroc?

Le montant s’élève 150’000 euros. Il est sans rapport avec la fortune des souscripteurs. Je viens de rencontrer un investisseur dont la fortune s’élève à 250 millions d’euros. Il m’a dit qu’il placerait à terme10% de son patrimoine en private equity, mais que son premier investissement serait de 250’000 euros. Il veut voir et faire un test. Cet accueil prouve que la classe d’actifs est nouvelle et que les investisseurs veulent se rassurer.

Pourquoi pas une vraie démocratisation à partir de 1000 euros?

Les raisons sont nombreuses. Les freins sont en partie technologiques, comme le manque d’expertise du back-office des banques face au private equity. Les systèmes de reporting de plusieurs banques suisses ne peuvent pas encore reporter ou traiter l’appel de fonds différé. On nous objectera aussi des freins de cybersécurité et de RGPD. On me dira aussi que les banquiers privés ne connaissent pas les fonds de private equity et ne peuvent donc pas s’en faire les apôtres sur de tels volumes. Si je dis aux banquiers que nous les formerons, certaines banques me disent que c’est beaucoup de travail en plus pour un marché qui n’existe pas encore.

Pour que le private equity se démocratise il faut que le banquier privé, donc le distributeur, soit ultra convaincu. Nous devons d’abord convaincre la banque de référencer du private equity. Cela prendra des mois. Ensuite, nous devons expliquer aux banquiers privés ce qu’est le private equity et alors en faire non seulement des convertis mais des apôtres du private equity. L’effort d’évangélisation s’annonce titanesque. Il faudra du temps avant que le marché ne décolle.

Le premier frein est culturel. Ce qui est extraordinaire c’est que les trois premiers gérants de notre millésime 2023 ont fait plus de 20% sur 30 ans, et certains me disent encore que ce n’est pas possible.

Quel est votre objectif pour 2024?

J’espère collecter un milliard d’euros l’an prochain. Si nous pouvions convaincre 2-3 institutions en Suisse, ce serait un succès fantastique. A noter que les distributeurs français que nous avons convaincus ont réussi à gagner d’énormes parts de marché grâce au private equity Altaroc. Et ils se réjouissent de leur décision de nous faire confiance pour les aider à construire l’allocation longue de leurs clients en private equity.

ATTENTION : cet investissement comporte des risques de perte en capital , se rapprocher de moi pour plus de renseignements.

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